Les pirates informatiques font d’excellents informateurs pour la police
Un article du Guardian remet en question le mythe d’organisations policières impuissantes face aux pirates informatiques, en mettant notamment en évidence leur capacité à recruter ces derniers comme informateurs. En effet, contrairement aux délinquants de carrière qui appartiennent à des réseaux de sociabilité pour lesquels l’arrestation et la détention représentent les « risques du métier » qui doivent être assumés, les pirates informatiques affrontent généralement l’épreuve de l’interrogatoire policier dans la plus grande solitude et sans repères culturels. Ils s’avèrent donc particulièrement réceptifs aux offres faites par la police visant à réduire les charges qui seront portées contre eux en échange d’informations sur leurs complices ou d’autres pirates appartenant à leur entourage.
Ce constat est principalement inspiré par le livre Kingpin, dont l’auteur, Kevin Poulsen, est lui-même un ancien pirate reconverti dans le journalisme. Retraçant le parcours de Max Butler, un pirate arrêté par la police américaine après avoir contribué à restructurer en profondeur les forums clandestins de fraude par carte de crédit, Poulsen dresse le portrait d’un monde miné par la méfiance et où la plupart des protagonistes collaborent activement avec les forces de l’ordre afin d’échapper à la prison, ce qui fait que certains forums comptent plus de policiers et d’informateurs que de pirates actifs.
Le rédacteur en chef du magazine 2600 estime d’ailleurs que le quart des pirates américains seraient des informateurs du FBI. Si de tels chiffres sont invérifiables, force est de constater que le sentiment d’impunité des pirates s’est considérablement érodé ces dernières années à la suite des arrestations fort médiatiques réalisées par le FBI et le Secret Service, ainsi que les services de police québécois, espagnols, anglais ou hollandais.
Bien entendu, comme les délinquants traditionnels, les pirates sont aussi capables dans certains cas de jouer sur plusieurs tableaux et de duper leurs interlocuteurs policiers. Albert Gonzalez, condamné en 2010 à deux peines de vingt années de prison pour le piratage de plus de 130 millions de numéros de cartes de crédit était l’un des informateurs vedette du Secret Service, qui lui versait un salaire annuel de 75.000$pour dénoncer d’autres pirates alors qu’il était occupé à vider les comptes de ses victimes.
Ce contenu a été mis à jour le 29 juin 2015 à 13 h 31 min.