Des effets perturbateurs de la technologie sur la criminologie

Résumé: Les effets perturbateurs de la technologie, loin d’être cantonnés aux acteurs industriels et gouvernementaux, dont le quotidien se trouve bouleversé par une succession frénétique d’innovations, s’appliquent évidemment au monde de la recherche scientifique, en voie d’être profondément reconfiguré par la capacité différentielle des champs disciplinaires à prendre acte de ces changements et à s’approprier les nouvelles thématiques qui en découlent, ainsi que les nouveaux outils théoriques et méthodologiques qu’elles induisent. Dans un tel contexte, cet article vise donc à approfondir trois questions figurant au coeur du potentiel de transformation qui s’offre à notre discipline. La première question relève de la mise en chiffres des risques numériques et de l’intégration de ces statistiques à une mesure réellement globale de la délinquance. Elle s’interroge notamment sur la fiabilité des instruments de mesure traditionnels et sur les métriques requises pour mieux intervenir contre la cybercriminalité. La seconde question est d’ordre méthodologique et s’intéresse à l’intégration des méthodes qualitatives aux approches statistiques, dans une démarche mixte productrice de résultats prometteurs pour appréhender la complexité des phénomènes étudiés. Finalement, la troisième question traite des mécanismes de régulation, et propose de nous débarrasser des oeillères théoriques qui nous empêchent de prendre toute la mesure du pluralisme des modes de gouvernance se mettant en place avec plus ou moins de spontanéité et de coordination pour prévenir et limiter les préjudices causés par la délinquance en ligne.

Mots-clés: cybercriminalité, risques numériques, statistiques criminelles, organisation sociale de la délinquance, pirates informatiques, méthodes mixtes, gouvernance de la sécurité, réseaux de sécurité.

Ce contenu a été mis à jour le 28 septembre 2018 à 22 h 30 min.