Quelle est la juste peine pour un pirate informatique?
Dans un article d’opinion fort bien argumenté publié par Wired, Hanni Fakhoury, un avocat américain soulève la question de la sévérité excessive qui frappe les pirates informatiques condamnés par les tribunaux de son pays. Faisant référence au concept sociologique de panique morale, l’auteur souligne le fossé grandissant qui se creuse entre les peines prononcées et les préjudices souvent limités causés par les coupables à leurs victimes.
Outre qu’il illustre de manière très concrète les mécanismes de détermination de la peine en vigueur pour ce type d’infractions aux États-Unis, Fakhoury se demande, à juste titre selon moi, si on n’est pas en train de voir se reproduire le scénario qui a régné pendant de nombreuses années dans le contexte de la guerre contre la drogue, où l’approche punitive n’a jamais réussi à dissuader qui que ce soit mais a quand même contribué à remplir les prisons.
Alors que de plus en plus d’états américains semblent reconsidérer ce virage exclusivement répressif pour se focaliser sur une approche utilisant toute la palette des dispositifs de prévention et de traitement, les leçons tirées de cet immense gâchis humain ne semblent pas encore faire l’objet d’un transfert aux crimes à forte intensité technologique. La multiplication inexorable de ces derniers devrait toutefois nous inciter à une réflexion plus approfondie sur le sujet, plutôt qu’à une réaction aussi irrationnelle que contre-productive.
Ce contenu a été mis à jour le 29 juin 2015 à 10 h 53 min.