Un milliard de hackers, émoi, émoi, émoi
On fait grand cas ces jours-ci de la supposée avance prise par la Chine dans la constitution de bataillons de cyber-guerriers capables de mettre l’Occident à genoux en quelques clics de souris. Google a renoué avec ce thème il y a quelques semaines en accusant des intérêts chinois d’avoir piraté certains de ses services, ainsi que ceux d’une trentaire de grandes entreprises américaines, de manière coordonnée et extrêmement sophistiquée. La peur d’un retard trop grand pour être rattrapé s’est accentuée avec la publication ces derniers jours dans la presse américaine d’informations laissant penser que ces attaques proviendraient de deux écoles d’ingénieurs chinoises, dont l’une avait remporté il y a quelques mois une compétition internationale (la « bataille des cerveaux ») sponsorisée par IBM, battant ainsi les équipes des plus prestigieuses universités américaines.
Pourtant, la peur du « péril jaune numérique » dissimule une situation beaucoup plus complexe. En effet, loin d’assumer le rôle exclusif d’agresseur, le gouvernement chinois se trouve également confronté à des attaques de pirates locaux et étrangers qui sont interprétées comme autant de menaces à sa stabilité. Un rapport récent de McAfee laissait par ailleurs entendre que les internautes chinois étaient les plus touchés par les programmes malveillants de type botnet. Ceci laisse entendre que de nombreuses attaques provenant de ce pays peuvent être aisément initiées depuis un pays tiers, mais aussi que les pirates locaux sont extrêmement actifs, y compris contre leurs compatriotes.
Sur le plan de la réponse policière, les autorités semblent être de plus en plus actives dans la lutte contre les sites locaux qui disséminent des logiciels malveillants et offrent des cours de piratage à leurs abonnés. Cette activité répressive accrue s’appuie sur un resserrement récent du cadre législatif anti-piratage.
Si la Chine développe bien des capacités d’attaque dans le cyberespace, il serait simpliste de ramener chaque incident de piratage impliquant des ordinateurs chinois à une vaste conspiration gouvernementale ciblant les intérêts occidentaux. Il est d’ailleurs significatif que dans le rapport de McAfee mentionné plus haut, ce sont les États Unis — et non la Chine — qui sont identifiés comme l’agresseur potentiel le plus inquiétant en matière de protection des infrastructures numériques par 36 % des répondants (600 responsables de sécurité informatique du monde entier), la Chine étant seconde avec 33% et la Russie arrivant en 3ème position avec 12%.
Ce contenu a été mis à jour le 9 juillet 2015 à 20 h 05 min.